Parlons urbanisme au travers d’un instrument bien particulier : la groma. Les Romains sont les inventeurs de cette discipline et ont acquis de nombreuses techniques au cours de la fondation de cités qu’ils ont opéré.

Afin que les villes nouvellement créées soient les plus réfléchies et pratiques possible, l’Empire romain diffuse le modèle de plan orthonormé selon un système d'axes appelé respectivement cardo (N-S) et decumanus (E-O) se croisant à angle droit. Pour tracer ces perpendiculaires dans l’espace, les arpenteurs ou agrimensores utilisent la fameuse groma.

Un drôle d'instrument

Cet instrument est le symbole même de l’arpenteur. Il s’agit d’une équerre à 4 branches sur lesquelles sont suspendus des fils à plomb appelés perpendicula.  Ce dispositif est fixé sur un bras de recherche métallique qui le relie à un long pied servant à la mise en station. Un cinquième fil à plomb était positionné sous l’axe de la croix pour s’assurer que l’appareil est bien à la verticale. L'inconvénient de ce type d’appareil, déjà souligné pendant l’Antiquité, est sa grande sensibilité au vent. Cependant, ce système de fil à plomb permet d’effectuer des visées orthogonales même sur un terrain fortement accidenté en raison de leur longueur. Une fois la groma positionnée, il ne reste plus aux arpenteurs qu’à suivre la visée des fils alignés pour tracer l’axe. Après avoir jalonné ces deux axes principaux (le decumanus maximus et le cardo maximus) une série de parallèles équidistantes sont tracées pour délimiter le cadastre.

Qui sert à domestiquer la Nature

Comme nous le montrent les textes gromatiques, l’agrimensura est tout autant une science qu’un art. Ainsi, se retrouve l’influence pythagoricienne qui prône la supériorité de la ligne droite, de la perpendiculaire et du carré, démontrant la victoire de l’intelligence humaine domptant les « caprices » de la Nature. Cette philosophie sert en grande partie de justification à l’impérialisme romain.