Parlons argent. En plus des 28 054 monnaies conservées au sous-sol du musée du Trésor, un lot de 9 monnaies en argent d’époque gauloise découvertes à Laujuzan en 1882 est également visible au rez-de-chaussée. 

Le système monétaire est introduit en Gaule au IIIe s. av. J.-C car moins litigieux que le système de troc précédent. À cette époque, l’expansion des villes, du commerce et de l’artisanat stimule la monétarisation des sociétés gauloises. Ce sont des mercenaires gaulois qui ramènent les premières monnaies au retour de leurs campagnes de pillages à la solde de nombreuses cités gréco-romaines. Les premières monnaies gauloises sont donc des copies de monnaies grecques (notamment le statère d’or de Philippe II de Macédoine ou les drachmes d’argent des comptoirs grecs bordant la Méditerranée). 
Au IIe s. av. J.-C., les pouvoirs émetteurs se multiplièrent. Pour lever des taxes, chaque cité gauloise de quelque importance va alors individualiser sa monnaie, dont la circulation ne s’effectuera que dans sa zone d’émission.

La monnaie élusate
Chez le peuple des Elusates, c’est au contact des marchands grecs venus du comptoir d’Emporion, en Espagne, que la monnaie se répand. C’est donc la monnaie frappée à Emporion que les Elusates vont reprendre, avec sur le droit le portrait de Perséphone et sur l’avers la représentation du célèbre cheval ailé, Pégase. 

Des figures déconstruites
Cependant, les représentations humaines sont rares chez les Gaulois. Ces derniers étant animistes, ils rechignent à la représentation de figure humaine. Ils vont donc progressivement schématiser ces formes afin de les déconstruire. Le profil de Perséphone finit par ressembler à des entrelacs de cercles et de courbes. Quant à Pégase, deux boules viennent figurer son avant et son arrière train, quatres bâtons signifient ses jambes et un rectangle en guise de tête. Certains historiens tels que Jean-Louis Brunaux, rapprochent aujourd’hui cette démarche de déconstruction des formes au cubisme ! L’art gaulois est donc beaucoup plus moderne qu’il n’y paraît de prime abord.