Elusa Capitale antique

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Episode 1

L’Aquitaine avant la conquête romaine 

L’espace compris entre la Garonne et la chaîne pyrénéenne est occupé, durant l’Antiquité, par un ensemble de peuples que les auteurs gréco-latins appellent Aquitains. Ces derniers se démarquent des autres habitants des Gaules par leur langue, leur culture, et même par leur aspect physique. Ainsi, selon Strabon : « les populations de l’Aquitaine form [ent], non seulement par leur idiome, mais encore par leurs traits physiques beaucoup plus rapprochés du type ibère que du type galate, un groupe complètement à part des autres peuples de la Gaule, qui ont tous au contraire, le vrai type gaulois ». 

Les recherches actuelles confirment ces spécificités aquitaines, ainsi que des éléments culturels partagés avec un peuple au sud des Pyrénées, les Vascones. Il est pourtant difficile d’établir clairement la distinction entre les Gaulois et les Aquitains par l’archéologie : c’est l’étude linguistique qui apporte le plus d’éléments pertinents. Par exemple, l’étude de noms de lieux et de personnes, connus grâce aux inscriptions et aux auteurs antiques, montre que la langue des peuples aquitains appartiendrait à la même famille que le basque actuel.

Cependant, des éléments de brassage des populations, notamment entre Aquitains et Gaulois, ont été mis en évidence, comme des découvertes de monnaies, de céramiques, ou bien dans le domaine de la linguistique. Un exemple particulièrement révélateur est celui des Sotiates, situés en Aquitaine, mais dont les pratiques culturelles sont plus proches de celles des Gaulois. S’agit-il donc d’Aquitains ayant subi une forte influence des Gaulois, ou bien d’une population gauloise en Aquitaine ? S’il n’est pas encore possible de répondre avec certitude à cette question, cela prouve néanmoins que les Aquitains ne se trouvent pas complètement isolés des autres habitants de la Gaule.

 

Et l’Aquitaine devint romaine…

En 78 avant notre ère, après avoir été vaincues en Hispanie ultérieure (au sud de l’Espagne actuelle), des troupes romaines se dirigent vers la Garonne. Elles sont alors attaquées par les Sotiates, un peuple de l’espace aquitain qui les vainc, causant un sentiment d’humiliation pour les Romains.

La prochaine rencontre entre ces deux armées a lieu presque vingt ans plus tard, en 56 avant notre ère. Jules César, après son affrontement face aux Vénètes dans le sud de la Bretagne, envoie un de ses proches, Publius Licinius Crassus, « en Aquitaine, avec douze cohortes légionnaires et un grand nombre de cavaliers, pour empêcher ce pays d’envoyer des secours dans la Gaule, et de si grandes nations de se réunir. »

Arrivés en Aquitaine, les Romains affrontent donc en premier lieu leurs vieux ennemis sotiates. Ces derniers, menés par leur roi Adiatuanos, doivent se replier sur leur oppidum — aujourd’hui Sos — qui est assiégé. Bien que les Sotiates signent leur reddition, le roi et ses guerriers tentent une ultime charge, mais sont défaits. 

Pendant ce temps, les peuples aquitains forment une coalition qui rassemble ses troupes plus au sud, dans un camp, avec l’aide de renforts venus d’Hispanie. Les Aquitains évitent le combat frontal, favorable aux Romains, et préfèrent agir par embuscades, afin d’empêcher le ravitaillement de l’armée romaine. Risquant de ne plus pouvoir nourrir ses hommes si la situation perdure, Crassus prend la décision d’attaquer rapidement. La puissance aquitaine gêne les Romains, mais une erreur cause la perte des assiégés. En effet, Jules César explique que « des cavaliers qui venaient de faire le tour du camp rapportèrent à Crassus qu’il était faiblement fortifié du côté de la porte décumane, et qu’il offrait sur ce point un accès facile ». Les Romains pénètrent dans le camp, surprenant les Aquitains qui sont en grande partie massacrés. « Au bruit de cette victoire, la plus grande partie de l’Aquitanie se rendit à Crassus, et envoya d’elle-même des otages. De ce nombre furent les Tarbelles, les Bigerrions, les Ptianii, les Vocates, les Tarusates, les Elusates, les Gates, les Ausques, les Garunni, les Sibuzates, et les Cocosates. »

Après cette bataille d’Aquitaine, la région est définitivement soumise, et en 52 avant notre ère, les Aquitains n’envoient aucun renfort à Vercingétorix.


Bibliographie : 

Jules César, La guerre des Gaules, Ier siècle av. J.-C.

Strabon, Géographie, Ier siècle av. J.-C.

Collectif, Eauze Terre d’Histoire, 1991

Collectif, Trésor d’Eauze, Guide du musée archéologique du Trésor d’Eauze, 1995

Pierre Pisani (dir.), La Domus de Cieutat à Eauze, Histoire d’un quartier de l’antique Elusa, 2005

J-P Brèthes, Et l’Aquitaine devint romaine, 2012.