Parlons d’une mosaïque exceptionnelle de la Villa de Séviac : la mosaïque aux arbres.

Contrairement aux autres mosaïques qui présentent des canevas géométriques, celle-ci est d’une composition très libre qui donne un effet de remplissage. D'exécution soignée, elle comporte un décor d’arbres fruitiers juxtaposés. Le feuillage, fait de tesselles d’ophite pyrénéenne, représenté avec de beaux effets d’ombrage, est le même pour chaque arbre, il ne nous aide donc pas à  identifier leur essence. D’après les botanistes il s’agit de figues et de cédrats (sorte de citron bosselé) stylisés. Alternant entre chaque arbre, des lys traités en tesselles de marbre d’un blanc éclatant. Ces tesselles n’ont pas été retrouvées sur les autres tapis comparables. Au pied des arbres, on voit disposées des corbeilles de fruits ou de fleurs.

Evocation de la fécondité de la Nature
Ce type de remplissage d’arbres fruitiers est typique des artisans orientaux. Cependant la nature environnante n'étant pas la même, les arbres ont été modifiés sur les exemples du sud-ouest de la Gaule. Les corbeilles de fruits sont également un ajout, ici, évocateur des vergers et jardins des domaines aristocratiques aquitains et de leur fécondité.

Une recherche naturaliste menée à l'échelle régionale
Ces décors d’arbres fruitiers ont connu un vif succès au Sud de la Garonne dans les villae les plus prestigieuses. On peut citer les exemples de Taron et Loupian, où l’on retrouve le même principe d’arbres alignés sur un fond neutre. C'est également le cas dans la villa romaine de Sarbazan (visible à l’abbaye d’Arthous), à la différence qu ces arbres sont intégrés dans une composition organisée à partir des diagonales. Ces tapis apparaissent comme les réalisations les plus spécifiques et les plus spontanées des mosaïstes de cette partie de la Gaule.

Summum de la créativité des mosaïstes de l’école d’Aquitaine, l’impression de liberté et d’exubérance qui se dégage de ce pavement paraît l’aboutissement d’une recherche artistique menée à l’échelle régionale.