Séviac/Loupian, un même atelier de mosaïstes ?

Dans la vaste salle de réception de la Villa, se trouve une mosaïque dite “à la corbeille de fruit”, où l’on peut voir un grand coquillage contenant des grappes de raisins, cédrats et poires (stylisée certes, donc soumis à interprétation). Sur le fond se distingue une composition pyramidale de feuilles de lauriers accompagnée d’acanthes. Enserrant ce dessin, une tresse d’Aquitaine en forme d’arche nous permet de comprendre la composition originelle du pavement. Cette tresse devait continuer en dessinant un cercle central et trois autres arches devaient en partir dans chaque directions.

Une influence orientale

Cette composition se nomme la “croix de U”. C’est une composition très rare, qui se retrouve plutôt sur les mosaïques de Grèce, de Syrie et d’Anatolie. Le seul autre exemple en Occident est celui de la villa de Loupian dans l’Hérault. Nous y retrouvons la fameuse composition en U, sauf qu’à la place d’une corbeille de fruit, on y voit un figuier accompagné d’une corbeille de fruit posée à côté de lui. Ce motif n’est pas sans nous rappeler la mosaïque aux arbres de Séviac, précédemment présentée. 

De nombreuses similitudes

Regardons de plus près la mosaïque de Loupian. Cette frise avec des colonnes et des cornes d’abondance ne vous rappelle-t-elle rien ? Une frise tout à fait comparable se retrouve sur la mosaïque du vestibule de la villa de Séviac ! Tiens, justement, sur la mosaïque du vestibule, nous avons une composition de cercles de feuilles d’acanthe, identique à celle de l'exèdre de la salle de réception de Loupian. Mais la frise n’est pas la même, c’est un rinceau de lierre. Du lierre ? Comme dans la salle à manger d’été de la villa de Séviac !

Des datations trop proches pour en tirer des conclusions

Nous pourrions continuer comme ça encore longtemps afin de démontrer la filiation entre les villae de Loupian et de Séviac. Les corporations de mosaïstes étant itinérantes à l’époque, il est normal que certains motifs se retrouvent souvent à l’échelle régionale. Mais dans le cas d’une composition venue d’orient, cela implique forcément que les mosaïstes ayant travaillé à Loupian et à Séviac ai eu un rapport. Lequel a influencé l’autre ? Nous ne le saurons probablement jamais sans une datation plus précise.